Ca devient difficile à la longue. L’hiver se fait de plus en plus glacial et les regrets réapparaissent. Les souvenirs nous envahissent. On se rappelle d’un temps, pas si loin après tout, où tout était encore possible. Tout était nouveau, chaque geste excitant, chaque nouveau visage prometteur. Deux années éprouvantes, mais tellement riches en expériences, en rencontres. Des gens font apparition dans notre vie un jour, l’illuminent pendant un temps, puis disparaissent pour diverses raisons. Mais on s’en fout, puisque nous les avons, elles, ces personnes irremplaçables qui nous soutiennent, qui vivent, qui grandissent avec nous. Mais dans dix, vingt ans, vous-parlerai-je toujours? Où serons-nous? Une carte tous les ans à Noël sur une photo avec nos enfants et notre mari, s’il ne s’est pas encore barré, ou bien à la vie à la mort, comme on s’était promis? Mais les promesses sont tellement éphémères. Déjà celles d’il y a sept ans - « on ira à l’université ensemble, on vivra dans un studio à new York » sont brisées d’avance, maintenant, avec du recul et un brin de maturité en plus, on sait bien qu’elles sont irréalisables. « Nous resterons, pour toujours, meilleures amies, nuit et jour », tu te rappelle de ça? Il y a une époque où j’étais convaincue que nous étions et resterions tout l’une pour l’autre. Et maintenant, je ne t’ai pas parlé depuis combien de temps? Trois, quatre ans? D’accord, on était jeune, c’était mignon, mais on l’est toujours. Dans quelques années dirai-je la même chose de mes meilleurs amis actuels, « On était jeunes et con»? Comment savoir ce qui durera? Comment savoir ce qui arrivera? On persiste, on patiente, en essayant de profiter en attendant, de ne pas trop y penser. Le temps passe. Et on observe les autres trouver leur voie, trouver cette personne qui leur est indispensable, trop se perdre dans leur amour pour penser à tout ça. Et on attend notre tour. On rencontre. On espère. A chaque fois on pense que ça y est, c’est le bon, mais on se réveille quelque temps après et on réalise que c’était trop juste, trop superficiel ou que c’est trop tard. Ca arrivera, mais dans combien de temps? L’impatience ronge. Trop de désirs ardents, des images confuses d’étincelles dans la tête. Des larmes et des cris, toucher le fond encore une fois pour mieux repartir. Vouloir vivre trop vite, sentir son cœur battre lorsqu’il s’approche, mélanger rires, vodka et des gens qu’on aime, puis réaliser la futilité de la vie lorsqu’une moto nous rase de près en rentrant du lycée. En une seconde tout cela peut disparaître. Trop de questions subsistent. Mais on n’a pas le choix, on reprend notre souffle et on recommencera. Oui, on va dire que ça va aller.
Oui, on va dire que ça va aller.